Une centaine d’espèces d’arbres et d’arbustes est dénombrée dans le genre Annona (famille des annonacées), presque toutes originaires d’Amérique tropicale. Les feuilles sont alternes, simples, entières et fermes (ou coriaces). Le feuillage est caduc ou persistant. Les fruits sont très appréciés et comportent une quantité plus ou moins importante de graines noires ou marrons, de taille moyenne.
Seules 4 espèces et un hybride du genre Annona sont véritablement cultivées pour leur fruit : A. cherimola (la chérimole), A. muricata ( le corossol ), A. reticulata ( le cachiman , originaire des Antilles), A. squamosa ( la pomme-cannelle ) et A. squamosa x A. cherimola ( l’atemoya ). D’autres sont parfois cultivées à l’échelle du jardin familial comme A. diversifolia , A. glabra et A. montana ; ainsi qu’une espèce du genre Rollinia ( R. mucosa ).
Les exigences écologiques des différentes espèces ont conditionné leur distribution dans le monde. La chérimole, espèce considérée comme la meilleure, est principalement cultivée en zone d’altitude sous les tropiques ou en zones subtropicales : Espagne, Bolivie, Chili, Pérou et Nouvelle Zélande. Le corossol, le cachiman et la pomme-cannelle (espèce la plus diffusée à travers le monde) se rencontrent dans les zones tropicales. L’atemoya, compte tenu de ses parents, supporte des températures intermédiaires rencontrées en Israël, Californie, Floride, Australie ou encore à Hawaï.
Les fruits sont généralement très sucrés (30 mg/100 g de pulpe pour la pomme-cannelle) et riches en calcium (10-17 mg/100 g) et vitamine C (30-40 mg/100g). Les feuilles et les fruits verts sont astringents, ce qui leur confère des vertus médicinales.
Même si les conditions écologiques antillaises permettent de cultiver toutes ces espèces (hormis la chérimole), l’extrême fragilité des fruits après récolte limite considérablement la possibilité de leur développement. De même, la concurrence mondiale rendrait difficile des exportations depuis les Antilles. Le marché local semble donc le principal débouché. Ainsi, le développement de la culture du corossolier ne pourra être entrepris que si la transformation des fruits en jus ou sorbet est assurée et valorisée localement. Tandis que pour la pomme-cannelle une production de qualité devra être recherchée afin de la différencier des fruits issus de cueillette (fruit de gros calibre). Enfin, pourtant endémique des Antilles, le cachiman n’y est finalement pas si populaire, cette espèce gagnerait probablement aussi à être mieux connu.
La pomme-cannelle préfère les climats secs (inférieur à 1500 mm/an) tandis que le corossol et le cachiman s’adaptent à des conditions plus ou moins humides (entre 1500 et 3000 mm/an). Un sol drainant est leur seule véritable exigence.
Par semis ou idéalement par greffage (anglaise compliquée ou par placage) pour les variétés sélectionnées (pomme-cannelle violette, cachiman ‘vert’…).
La vigueur des espèces conditionne les densités de plantation : pour le corossol et le cachiman prévoir 5 à 7 m d’espacement entre 2 arbres (entre 285 et 400 plants/ha) tandis que les distances de plantation peuvent être plus serrées pour la pomme-cannelle, entre 2,50 et 4 m entre 2 arbres (entre 500 et 800 plants/ha, conduite en haie fruitière possible). Les premiers fruits sont observés dès la 3ième année suivant la plantation et même plus tôt pour la pomme-cannelle. Les annones sont des espèces frugales cependant une fumure organique à la plantation et en entretien améliore notablement les rendements. Une taille de formation peut s’avérer nécessaire (surtout pour le cachiman ; en gobelet différé) ; la taille d’entretien est par contre indispensable notamment après la récolte (suppression des branches qui se croisent et des fruits momifiés consécutifs à l’anthracnose, limitation de la hauteur de l’arbre). Des fruits petits et/ou déformés sont souvent observés, une mauvaise pollinisation en est l’origine. Ces défauts peuvent être éviter notamment grâce à la pollinisation manuelle des fleurs (espèces dichogames ; prélèvement du pollen dans les fleurs au stade mâle et pollinisation au pinceau des fleurs au stade femelle, voir photos). En Guadeloupe, peu de maladies et ravageurs spécifiques sont observés (hormis l’anthracnose et les cochenilles de l'hibiscus sur fruit ainsi que des scolytes sur branche). Les rendements moyens observés sont de l’ordre de 10-20 t/ha.
Fiche rédigée par Fabrice Le Bellec - http://agents.cirad.fr/index.php/Fabrice+LE+BELLEC
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Article original paru dans Les Antilles Agricole n°6 - 2005 - 52 Morne Ninine - 97129 Gosier - Guadeloupe
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