Phytophthora spp est partout présent dans les sols guadeloupéens, mais il s’exprimera lorsque les conditions environnementales et le type de plante-hôte lui seront favorables. Les formes de conservation sont des chlamidospores qui contiennent l’inoculum primaire. La germination de ces spores est induite par une humidité du sol importante et durable (période pluvieuse, irrigation excessive, mauvais drainage...) associée à des températures élevées (30-32°C). Les chlamidospores germent et produisent un sac, ou sporangium, renfermant plus de 50 zoospores . Ces dernières, qui peuvent nager sur une courte distance, sont attirées par chimiotactisme vers les jeunes racines. A partir de là, les zoospores germent et un hyphe mycélien se forme. Une nouvelle génération de sporangia peut être produite en 24 heures à l’extérieur des racines infectées. De la même façon, les zoospores se trouvant à la surface du sol peuvent être projetées sur le tronc, les branches ou les fruits. Phytophthora spp. peut pénétrer directement dans les tissus non lignifiés. Il lui est impossible de traverser directement les tissus lignifiés. Pour cela, une voie de pénétration telle qu’une blessure, une cicatrice florale, ou une fissuration de l’écorce est nécessaire. A partir de ces explications, il est aisé de comprendre que les maladies à Phytophthora spp. s’intensifient après une période pluvieuse prolongée, avec des températures élevées (28-32°C), et ce plus particulièrement dans des sols ressuyant mal, mal drainés et/ou excessivement irrigués. La période entre juillet et décembre est très favorable à une recrudescence des maladies à Phytophthora .
Le symptôme le plus typique est l’apparition de gouttes d’exsudat brun à la surface du tronc ou de charpentières infestées. Ce symptôme fait suite à une pourriture des tissus conducteurs de sève et de l’écorce. L’écorce nécrosée sèche, se craquelle et laisse apparaître des lésions brunes. En saison sèche, des fragments d’écorce chutent progressivement.
La pourriture brune des fruits est une autre expression de la maladie. En Guadeloupe, la pourriture brune progresse entre juillet et décembre. Comme nous l’avons vu dans le premier paragraphe, l’inoculum souterrain peut être envoyé par splash sur les fruits les plus bas. Des pluies continues, une humectation des fruits pendant plus de 18 heures et des températures optimales de 28 à 30°C induisent le développement de la maladie. Il apparaît alors une décoloration de l’épiderme, généralement autour des cicatrices florales, puis des taches brunes lorsque les fruits arrivent à maturité. Les fruits infestés tombent rapidement au sol. Lors de précipitations, l’inoculum secondaire présent sur les fruits est progressivement projeté dans les parties supérieures de la frondaison. Certains fruits infestés peuvent ne montrer aucun signe de pourriture brune à la récolte. Les symptômes apparaissent au cours du stockage.
Les citrons, limes et pomelos (Star Ruby en particulier), sont très sensibles à la gommose du tronc. Les mandarines et tangelos semblent très sensibles à la pourriture brune.
Itinéraire technique : Il est important de maintenir des conditions sanitaires défavorables au Phytophthora . Dans un premier temps, s’assurer du bon drainage du sol. Le sol doit se ressuyer facilement. Régulièrement désherber les rangs: une végétation abondante maintient une humidité favorable au champignon. Maîtriser l’irrigation: éviter de trop irriguer, essayer d’allonger au maximum les intervalles entre deux irrigations (ressuyage, des arbres et du sol), et préférer la micro-aspersion ou le goutte-à-goutte à l’aspersion sur frondaison. Concernant la pourriture brune, une mesure prophylactique efficace est la taille des branches fructifères basses (en dessous de 60 cm du sol). Ces branches, facilement atteintes par des projections d’inoculum primaire servent de relais pour les contaminations du haut de la frondaison. Leur élimination réduit la capacité de propagation de la pourriture brune.
Protection phytosanitaire : Pour la pourriture du tronc, dans les zones à risques, aussi bien pour traiter les lésions existantes, que pour agir préventivement, des applications de fongicides systémiques tels que le Fosétyl-Al (Aliette - 250 g m.a /hl), peuvent être effectuées deux à trois fois par an au moment des flushes (pour que le produit soit absorbé). Il faut tout de même savoir que des traitements curatifs ne sont efficaces que si la maladie est détectée précocement. La protection doit être renforcé pendant les périodes pluvieuses.Concernant la pourriture brune, des traitements préventifs sont nécessaires dans les vergers ayant eu des pertes les années précédentes. Des applications foliaires de fongicides cupriques ou de Fosétyl-Al sont efficaces. Il faut envisager leur application du début du grossissement à la véraison, ce qui signifie en Guadeloupe, pour les orangers et mandariniers, de juillet à décembre.
Fiche réalisée en 1998 par F. Leblanc (Cirad), P. Fournier (Cirad) et J. Etienne (Inra).
Fiche actualisée en 2005 par F. Le Bellec (Cirad).
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