Les saveurs des cerises tropicales sont très différentes d’une espèce à l’autre. La cerise du Brésil (Eugenia brasiliensis), au goût agréable sucré-acidulé, rappelle celui de la cerise des régions tempérées (Prunus avium). Tandis que la saveur de la cerise de Cayenne (Eugenia uniflora) est à la foi acidulée, aromatique et épicée. Enfin, la pulpe de la cerise des Antilles (Malpighia punicifolia) est plutôt acide. Ces cerises sont donc souvent consommées à l’état frais, bien mûres mais peuvent aussi être transformées (gelées, sorbet, boissons…). La cerise des Antilles est un des fruits les plus riches en vitamines C (entre 2000 et 4000 mg pour 100 g de pulpe) ; à titre indicatif le citron n’en contient que 60 mg. Cette qualité lui offre d’ailleurs un réel intérêt pour la pharmacopée.
Le cerisier du Brésil (Eugenia brasiliensis) est effectivement originaire du Brésil, plus exactement de Parana et de Santa-Catarina, cette espèce ne semble pas présente aux Antilles françaises. C’est une espèce fruitière de climats subtropicaux, il supporte de légères gelées. Il affectionne les sols sableux et acides mais s'adapte à de nombreux types de sols pourvus que ceux-ci drainent bien. Les fruits ont un long pédoncule de 4 à 5 cm portant une baie de couleur rouge foncé devenant noire à maturité. Ce fruit est aplati aux pôles, sa peau est parfaitement lisse, mince et fragile. La pulpe molle et juteuse, de couleur orangée à rouge ou encore blanche, contient une ou plusieurs graines. L’espèce se multiplie par semis. Les meilleurs sujets devront être propagés par voie végétative (bouturage ou greffage).
Le cerisier de Cayenne (Eugenia uniflora) est originaire du sud du Brésil et du nord de l'Argentine. Malgré sa large diffusion dans les régions chaudes du globe (Afrique, Inde, sud de la Chine ...), il n'y a guère que le Brésil qui le cultive véritablement. Aux Antilles, il a été largement planté en haie clôture des habitations, surtout dans la région de Saint-Claude (Guadeloupe), il y est aujourd’hui acclimaté. Le fruit est une baie globuleuse, aplatie aux pôles, aux huit côtes saillantes caractéristiques. La peau de couleur rouge vif est très mince. Le cerisier de Cayenne se multiplie par semis. Ses graines mettent deux mois avant de lever. De nombreuses variétés existent mais une, à fruits rouge sombre (voir photo), se démarque des autres par ses qualités gustatives (fruits très sucrés). Pour les variétés sélectionnées, la propagation peut se faire par greffage en tête et par boutures feuillées.
Le cerisier des Antilles (Malpighia punicifolia) ou acérolier est probablement originaire des Antilles et du nord-ouest de l'Amérique du Sud à Panama. Cette origine est discutée. Sa culture s’étend aujourd’hui du Brésil jusqu’au sud du Texas. Une espèce très proche est endémique des Petites Antilles (Malpighia martinicensis), elle pousse dans les forêts sèches du littorale des ces îles. Son fruit est généralement de plus petite taille. Le fruit est très légèrement côtelé, de 1 à 2 cm de diamètre, rouge ou vermeil ; il renferme trois noyaux imbriqués, aplatis sur leurs côtés communs. Le cerisier des Antilles est généralement multiplié par semis de graines, mais le bouturage ou le marcottage sont plus indiqués notamment pour diffuser les variétés sélectionnées.
A l’heure actuelle seule la cerise des Antilles est véritablement cultivée aux Antilles françaises mais ce n’est pas pour autant une espèce d’importance économique. En effet, les jus de cerise ‘pays’ sont bien confectionnés ici mais pas la matière première ! Ceci pour des questions probablement de rentabilité. La cerise de Cayenne est parfois consommée alors que bien mûre elle peut être excellente, son goût particulier la rend d’ailleurs incomparable. Toutes ces cerises sont extrêmement fragiles et demandent donc, dès la récolte, un conditionnement spécifique pour éviter des pertes trop importantes. C’est seulement à cette condition qu’elles pourront être vendues sur les marchés des Antilles, les clients ne pourront qu’apprécier cette fraîcheur.
Les cerisiers des Antilles et de Cayenne ont une croissance rapide à la différence du cerisier du Brésil. Les jeunes plants demanderont un arrosage régulier durant la première année, phase d’installation. Les arbres adultes ne seront quant à eux irrigués que durant les périodes de sécheresse et durant la phase de croissance des fruits si la pluviométrie est insuffisante. Ils porteront leurs fruits dès la troisième année suivant la plantation. Les rendements sont généralement assez faibles. Si la production de fruit est destinée à la consommation en fruit frais, les cerises devront alors être récoltées bien mûres (à ce stade elles sont extrêmement fragiles et doivent être consommées rapidement). Au contraire, si cette production est liée à l’industrie, les fruits pourront être récoltés plus verts (la concentration en vitamine C sera d’autant plus importante notamment pour la cerise des Antilles). Les maladies et ravageurs du cerisier des Antilles sont nombreux mais n’ont pas tous la même importance. Par exemple, les nématodes entraînent rapidement la mort des plants, tandis que les pucerons ou les charançons affectent plus ou moins les feuilles et tiges. De même, les cochenilles ont une influence directe sur la fumagine, dépréciant à la fois les fruits mais gênant aussi la photosynthèse. Des tailles régulières d’entretien permettent généralement de limiter ces problèmes phytosanitaires secondaires. Les deux autres cerisiers sont beaucoup plus rustiques et moins affectés par ces maladies et ravageurs.
Fiche rédigée par Fabrice Le Bellec - http://agents.cirad.fr/index.php/Fabrice+LE+BELLEC
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