Probablement originaire du Pérou, la goyave ( Psidium guajava
) s’est répandue très rapidement à travers le continent tropical américain jusqu’au Mexique. Sa distribution est maintenant pan-tropicale. Sa robustesse et sa facilité de dissémination (par les oiseaux) la font considérer aujourd’hui comme une peste végétale dans beaucoup de pays où il étouffe la végétation indigène.
Le goyavier aurait été introduit aux Antilles par les Amérindiens bien avant la découverte du Nouveau Monde par les Européens. Ce petit arbre buissonnant de 2 à 8 m de haut a la particularité de posséder des jeunes rameaux quadrangulaires. Ses grosses branches et son tronc se desquament par plaques. Les fleurs blanches odorantes donnent naissance à des fruits globuleux, ovales ou piriformes. Leur peau verte devient jaune à maturité. La chair blanche, jaune, rose clair ou rougeâtre selon les variétés est granuleuse et ferme près de la peau tandis que le centre du fruit, aux tons plus foncés, est plus ou moins juteux et rempli de graines jaunâtres, dures. Les variétés sont très nombreuses. La composition moyenne de la goyave sans ses graines révèle 10 à 15 % de sucres et beaucoup de vitamine C (25 à 1000 mg pour 100g). Cette dernière teneur varie selon les fruits, leur maturité et la variété ; elle décroît de la peau au centre du fruit. La pulpe parfumée, acidulée ou sucrée, se déguste telle qu’elle ou transformée en jus, confitures ou gelées. Toutes les parties de l'arbre sont riches en tanins, notamment l'écorce (10 %) mais aussi les feuilles, les racines et l'épicarpe du fruit. Autres ‘goyaves’ ( Psidium
spp.) présentes aux Antilles : la coronille ( Psidium friedrichsthalianum
), fruit acide mais très parfumé (se rapproche du maracuja) et le goyavier-fraise ( Psidium cattleianum
), petite goyave à peau jaune ou rouge à saveur acidulée et aromatique se rapprochant de la fraise.
La goyave est un fruit très apprécié aux Antilles, mais sa fragilité rend sa commercialisation en frais délicate et réservée aux variétés sélectionnées, dites de bouche, comme par exemple la ‘Beauséjour’ et la ‘Rosalie’ (variétés sélectionnées en Martinique) ou encore ‘Stone’, ‘Ruby’, etc. Des efforts doivent encore être réalisés dans le conditionnement des fruits pour la commercialisation en frais. Le développement du goyavier aux Antilles semble donc étroitement lié à la possibilité de sa transformation sur place, à l’image de ce qui est déjà réalisé en Martinique (sorbets, nectars, confitures, pâte de fruits…) ou plus modestement en Guadeloupe (confiture, pâte de fruits). Certaines variétés sont plus adaptées que d’autres à la transformation, comme par exemple la ‘Centeno Prolific’, à fruit acide, la ’Red Supreme Ruby’, à fruit sucré ou encore un clone cubain, ‘Cuba Enana’, qui peut également être commercialisé en fruit de bouche.
Le goyavier prospère sous des climats et des sols extrêmement variés. Hormis les sols hydromorphes, aucune autre zone de culture n’est à proscrire aux Antilles.
Les variétés sélectionnées doivent être multipliées par bouturage ou par greffage. Le semis de graines est donc réservé à la production de porte-greffe. Ce greffage, en placage ou en fente de tête, est possible également sur la coronille ( P. friedrichsthalianum ). Cette association présente l’intérêt d’être résistante à un nématode ( Meloidogyne mayaguensis ) des racines du goyavier qui sévit actuellement en Martinique.
Les densités de plantation à respecter doivent tenir compte de l’encombrement futur des arbres mais aussi de permettre une éventuelle mécanisation : 6 x 6 m ou 7 x 5 m (soit de l’ordre de 280 arbres/ha). Les premiers fruits sont observés dès la deuxième année. Une taille de formation est nécessaire pour obtenir une frondaison légèrement évasée ; la taille d’entretien doit ensuite permettre la pénétration de la lumière et limiter la hauteur des arbres (maximum 4 m). Des techniques de taille permettent de décaler notablement la période naturelle de production et d’éviter l’engorgement du marché aux mois de septembre et octobre. Le goyavier et son fruit sont sensibles à de nombreux parasites, dont l’impact est plus ou moins grave. Les nématodes engendrent des baisses importantes de rendement voire la mortalité, un champignon ( Phoma sp.) déprécie notablement les fruits (la variété ‘Beaumont’ étant très sensible) tout comme les thrips (aspect bronzé de la peau). Cependant, et fort heureusement, les mouches des fruits ( Ceratitis spp. et Bactrocera spp.) occasionnant d’énormes dégâts sur fruits ailleurs dans le monde sont absentes des Antilles. Les oiseaux et les chauve-souris peuvent occasionner des pertes considérables. Les rendements moyens observés sont de l’ordre de 25 t/ha, mais peuvent dépasser 50 t/ha.
Fiche rédigée par Fabrice Le Bellec et Christian Lavigne
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Article original paru dans Les Antilles Agricole n°9 - 2006 - 52 Morne Ninine - 97129 Gosier - Guadeloupe
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