Originaire d’Inde (forêt humide des Ghats occidentaux), le jacquier conquiert l’Asie tropicale, puis l’Afrique avec les Arabes. Il est ensuite introduit aux Antilles en 1782 où il ne connaîtra pas le succès de l’arbre à pain ( Artocarpus altilis
), son cousin. L’odeur musquée du fruit lorsqu’il est mûr n’y étant probablement pas étrangère. Le jacquier est un arbre trapu pouvant tout de même atteindre 8 à 10 mètres de hauteur. Les fleurs mâles et femelles sont distinctes et apparaissent directement sur le tronc ou sur les branches : l’arbre est cauliflore. Ses fruits sont énormes et peuvent peser jusqu’à 30 kg, c’est aujourd’hui le plus gros fruit comestible connu. Sa pulpe est généralement consommée crue et fraîche lorsqu’elle est bien mûre. Elle peut aussi être conservée en sirop, confite ou encore être séchée. Si l’odeur du fruit est particulière, sa saveur n’en est pas pour autant désagréable. Cette pulpe jaune or de saveur sucrée, ferme ou molle selon la variété est parsemée de graines ovales brunes. Bouillies, ces dernières se mangent comme des châtaignes (attention, crues, elles sont toxiques). Le jacquier est aussi consommé avant sa complète maturité. Il est épluché, coupé finement et cuit comme un légume avec du porc fumé, de la volaille… c’est le fameux ‘carry ti’jaque’ des réunionnais. En Asie, où ce fruit est aussi populaire que la banane et la mangue, mûr, il s’apprécie nature ou cuit avec du lait de coco, en nectar, glace, confiture ou fruit confit. Ailleurs, le jacquier a une place de choix dans les pays où des périodes de disette sont fréquentes compte tenu notamment de sa valeur énergétique (81 Kcal pour 100 g de pulpe et 20 % de sucre ; les graines fraîches sont 3 fois plus énergétique). Cette espèce est parfois confondue avec une autre également présente aux Antilles, Artocarpus integer
, dont les fruits sont beaucoup plus petits.
Le jacquier est mal connu aux Antilles malgré ses différentes utilisations possibles. En effet, hormis l’intérêt alimentaire de son fruit (mûr ou vert) et de ses graines, le jacquier est un arbre rustique s’avérant un excellent brise-vent (très bon enracinement et donc résistance aux vents). Son bois serré et agréablement veiné, de couleur jaune, constitue également un bois d’œuvre de qualité. Cependant, le développement du jacquier aux Antilles semble être lié à ses possibilités de valorisation locales car à l’export il est positionné sur le segment ‘marché ethnique’ que les pays asiatiques occupent déjà. Sa valorisation reste donc à imaginer et à développer aux Antilles (fruit séché, confiture…) où il pourrait être considéré, par exemple, comme une plante de services (brise-vent), productive et rentable.
Le jacquier prospère sous des climats et des sols extrêmement variés ; il préfère cependant les zones humides (supérieur à 1500 mm d’eau/an). Sa croissance est réduite au-dessus de 500 m d’altitude.
Le jacquier se multiplie facilement par graines qui transmettent fidèlement les caractères du pied mère. Le pouvoir germinatif est faible. Quelques variétés sont connues, notamment en Asie. Deux groupes de cultivars se distinguent, l’un à pulpe molle l’autre à pulpe ferme.
La densité de plantation dépendra de l’orientation de la plantation : verger ou haie brise-vent. Dans le premier cas, un espacement de 8 à 10 m entre deux arbres sera nécessaire alors que 2 mètres suffiront dans le second cas. Les premiers fruits sont observés dès la troisième ou quatrième année. Une taille de formation est nécessaire pour obtenir plusieurs charpentières basses ; les fruits sont effectivement portés par ces dernières et sur les grosses branches. La taille d’entretien doit ensuite permettre la pénétration de la lumière ainsi que limiter la hauteur des arbres (maximum 4 m). Peu de maladies ou ravageurs lui sont spécifiques. Cependant, en zone trop humide les fleurs et jeunes fruits peuvent être sujets à des maladies fongiques (l’organe est couvert d’un mycélium noir) pouvant engendrer de nombreuses pertes. Les rendements obtenus en Asie sont de l’ordre de 15 à 25 t/ha.
Fiche rédigée par Fabrice Le Bellec - http://agents.cirad.fr/index.php/Fabrice+LE+BELLEC
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Article original paru dans Les Antilles Agricole n°9 - 2005 - 52 Morne Ninine - 97129 Gosier
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