D’origine indo-birmane, le manguier ( Mangiferae indica
) est aujourd’hui cultivé dans toute la zone inter-tropicale, et jusque dans le sud de l’Espagne. L’Inde est le principal producteur (10 millions de tonnes, quasiment tout auto-consommé); le Mexique et le Brésil sont les principaux exportateurs (50 % des exportations mondiales soit plus de 300 milliers de tonnes à eux seuls). Le manguier est un grand arbre, à feuillage persistant qui peut atteindre 30m de haut et vivre plus de 100 ans. Les feuilles sont alternes. Les fleurs sont très petites et regroupées par centaines en inflorescences. Elles sont hermaphrodites ou mâles et sont pollinisées par des mouches. Le fruit (surnommé le roi des fruits en Asie), la mangue, est une drupe large et de taille très variable. Sa coloration va du vert au rouge, en passant par le jaune et l’orange selon la maturité et les variétés. La chair, jaune-orangée, est plus ou moins fibreuse selon les variétés. Les caroténoïdes et anthocianes qu’elle contient lui donnent des qualités nutritionnelles exceptionnelles : c’est une très bonne source de pro-vitamine A (10mg pour 100g) et de vitamine C (44mg pour 100g).
Le frein au développement de la culture du manguier aux Antilles Françaises semble être paradoxalement lié à sa popularité, cette espèce est en effet très fréquemment plantée dans les jardins familiaux. La conséquence est, qu’en saison (de juin à août), la vente de mangues est bien difficile. Cette situation décourage bon nombre de producteurs. Cependant, des niches commerciales existent aussi bien pour le marché local qu’à l’export : production de contre saison pour le marché local (variétés plus précoces ou plus tardives que la mangue Julie), segmentation de marché (mangues différentes : forme, couleur, goût…), mangues ‘bio’…
Le manguier s’adapte à tous les types de sols de nos îles, mais il préfère des sols profonds, drainant et au pH compris entre 5,5 et 7,5. Son système racinaire lui permet d’atteindre des réserves d’eau du sous-sol, ce qui est très utile en période sèche. Seule une pluviométrie excessive (au dessus de 2000 mm) engendre des difficultés de production (maladies fongiques, difficultés de floraison…).
Les variétés sélectionnées sont pour la plupart mono-embryonnées (le semis de la graine ne garantira pas la variété) et sont, par conséquent, multipliées par greffage (à l’anglaise). Les mangots sont quant à eux souvent poly-embryonnés (présence d’embryon nucellaire dans la graine) et peuvent donc être semés ; ils sont d’ailleurs souvent utilisés comme porte-greffe.
Les densités de plantation sont comprises entre 100 et 156 arbres par hectare. Pour la variété ‘Julie’, on préconise une densité de 8m x 8m. La plantation se fait au trou lorsque la parcelle n’est pas mécanisable ou quand le sol est peu profond. Une fumure de fond constituée de matière organique (fumier ou compost) et d’un apport minéral raisonné en fonction de l’analyse de sol doivent être apportés. La fumure d’entretien sera ensuite fonction des exportations de fruits. Planter de préférence au début de la saison des pluies. Un brise-vent peut s’avérer nécessaire, pour protéger la floraison durant les alizés. Une irrigation d’appoint est conseillée durant le carême. Les premières années, une taille de formation peut s’avérer nécessaire : sélection de 3 à 5 charpentières bien réparties dans l’espace. Une taille après la récolte est indispensable : élimination des branches mortes, et limitation de la hauteur de l’arbre à 5 m maximum. Les déchets de taille doivent être brûlés car ils constituent un refuge pour le charançon du noyau qui peut être gênant. D’autres ravageurs s’attaquent au manguier (cochenilles, cécidomyies, thrips) mais sont bien maîtrisés par des insectes utiles. Deux maladies peuvent être préjudiciables en particulier à la floraison : l’anthracnose et l’oïdium. L’entrée en production se fait dès la 4ème année et sur un verger adulte, les rendements sont de l’ordre de 10 à 15 tonnes par hectares .
La station du Cirad de Vieux-Habitants abrite quant à elle une importante collection de manguiers composée de 125 accessions principalement de l’espèce Mangifera indica . Ces dernières importées des différentes collections africaines du Cirad ont aussi diverses origines (asiatique, indienne, floridienne, etc.). Cette collection représente un outil de choix pour l’étude de la diversité du manguier, elle sert donc actuellement de référentiel pour la diversité de l’espèce et la mise au point de descripteurs moléculaires.
Fiche rédigée par David Herzog et Fabrice Le Bellec - http://agents.cirad.fr/index.php/Fabrice+LE+BELLEC
Visitez le site de l'unité de recherche HortSys : http://ur-hortsys.cirad.fr/
Article original paru dans Les Antilles Agricole n°8 - 2006 - 52 Morne Ninine - 97129 Gosier - Guadeloupe
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