Si le litchi (Litchi chinensis, famille des Sapindacées) n’est connu des européens que depuis quelques centaines d’années – le premier écrit connu date de 1588 (Juan González de Mendoza, Histoire du Grand Royaume de la Chine) – on le culture en Asie méridionale depuis au moins 2000 ans. Le litchi était le fruit préféré de l’empereur de Chine Li Longji (8 septembre 685 - 3 mai 762). Le litchi a souvent été vanté comme le plus délicieux des fruits, le poète Chan Chow-ling au VIIIème siècle de notre ère, écrira même un traité entier sur ce fruit d’excellence. Alors pourquoi faudra-t-il attendre la fin du XVIIIème siècle pour que cette espèce végétale traverse les continents ? Désiré Bois, en 1928, en donne une raison : « (Alors qu’en Chine), le litchi n’est pas un de ces fruits rares et délicats connus seulement d’un nombre de personnes favorisés (…) il est produit en grand, et familier à des millions de gens. C’est probablement à cause de la nature périssable de ses graines qu’il ne s’est pas répandu dans beaucoup de régions tropicales (…). Avant la navigation à vapeur, il était impossible de le transporter avec succès d’un continent à l’autre ». Bateau à vapeur ou pas, l’intérêt pour cette espèce a conduit quelques botanistes navigateurs à l’exporter depuis son aire d’origine. Une des premières acclimatations a été réussie sur l’Ile de la Réunion en 1764 par J.F. Charpentier de Cossigny de Palma. De là, le litchi sera ensuite introduit à Madagascar. D’autres acclimatations seront ensuite tentées avec plus ou moins de succès à travers le monde tropical ou subtropical : à la Jamaïque en 1775, aux îles Hawaï en 1843, en Floride en 1886… le litchi a été cependant capricieux et n’a pas toujours porté les fruits escomptés dans ces pays d’adoption. Voici donc une seconde raison de sa faible diffusion dans le monde : ses exigences écologiques.
Le litchi est une espèce qui exige un climat subtropical, chaud et humide l’été suivi d’une période plus sèche et plus fraîche. Cette période plus contraignante pour l’arbre conditionne une phase de stress qui est indispensable pour favoriser l'induction florale. L’intensité de la floraison du litchi sera étroitement liée aux températures hivernales et plus exactement lorsque celles-ci descendent sous 15°C la nuit. Voilà donc pourquoi le litchi fleurit particulièrement bien à l’Ile de La Réunion et beaucoup plus modestement aux Antilles !
La durée germinative de la graine du litchi est courte, quelques jours seulement ! Mais comment donc multiplier cette espèce ? Les litchis sont couramment multipliés par marcottage aérien (voir photo), une technique facile à mettre en œuvre et donnant des taux de réussite élevés, ou plus rarement par greffage sur des plants de semis. Il existe un grand nombre de variétés, lesquelles doivent être multipliées par ces voies végétatives si leurs caractéristiques pomologiques veulent être préservées. Une certaine confusion règne dans les noms des variétés, et souvent, une même variété porte plusieurs noms selon les lieux où elle est produite. Ces différentes variétés se distinguent par des caractéristiques classiques (calibre du fruit, couleurs de la peau et de la chair, taille de la graine, qualité gustative…). A l’Ile de la Réunion, une seule variété est largement cultivée, ‘Kwai Mi’ qui signifie goût de cannelle… que l’on retrouve sous le nom de ‘Tai So’ à l’Ile Maurice.
Originaire de Chine méridionale, le litchi est aujourd’hui cultivé dans de nombreux pays (ou régions) bénéficiant qu’un climat subtropical. Les principaux pays producteurs sont la Chine (1,5 million de tonnes), l’Inde (620.000 t), le Vietnam (150.000 t), Taiwan (108.000 t) et Madagascar (100.000 t) (données Fruitrop, 2011)… des quantités finalement modestes comparées aux 120 millions de tonnes d’agrumes produits dans le monde ! Toutes proportions gardées, le litchi est aussi cultivé à la Réunion (12.000). C'est même l'une des toutes premières cultures fruitières de La Réunion à vocation commerciale (en 2010, près de 400 tonnes ont été exportées). Madagascar, principal fournisseur de l’Union européenne, voit ses volumes exportés en chute libre depuis quelques années (28.000 t en 2007 contre 11.000 en 2010). La ‘crise’ malgache est liée aux normes imposées par la CEE concernant les teneurs résiduelles de soufre dans les litchis, teneurs minimales difficiles à maîtriser par les exportateurs. Le soufre est utilisé depuis de nombreuses années en traitement post-récole (soufrage) pour augmenter la durée de vie du litchi après sa récolte, condition indispensable pour l’exportation par les voies maritimes.
Fiche rédigée par Fabrice Le Bellec - http://agents.cirad.fr/index.php/Fabrice+LE+BELLEC
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Article original paru dans Les Antilles Agricole n°25 - 2011 - 52 Morne Ninine - 97129 Gosier - Guadeloupe
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